Perspectivia
Lettre1887_04
Date1887-04-11
Lieu de créationHildesheim Keswick Rds Putney
AuteurScholderer, Otto
DestinataireFantin-Latour, Henri
Personnes mentionnéesScholderer, Luise Philippine Conradine
Edwards, Ruth
Scholderer, Viktor
Dubourg, Victoria
Lieux mentionnésLondres, Royal Academy of Arts
Paris
Francfort-sur-le-Main
Œuvres mentionnéesF Portrait de Léon Maître
F Tannhäuser  : Venusberg
S A Fishmonger/ Ein Fischhändler (un marchand de poissons)
S Fischhändler (marchand de poisson)

Hildesheim

Keswick Road

Putney

11 avril [18]87

Mon cher Fantin

Je vous remercie pour votre bonne lettre que j’ai reçue, il y a déjà quelque temps. Nous regrettons bien que Madame ne se porte pas encore bien et que ses yeux ne veuillent pas devenir mieux, cela doit-être bien pénible pour elle et bien fatigant, mais nous espérions toujours que la bonne saison, qui malheureusement se fait attendre encore longtemps cette année, lui fasse du bien, mais nous sommes cependant contents que vous êtes partis pour la campagne.

Je n’ai pas vu votre portrait que vous avez envoyé à l’Académie,Fantin-Latour, Portrait de Léon Maître, F.1252. j’ai été tant pressé avec mon travail que je n’ai pas eu le temps d’aller en ville, et le dernier jour quand nous sommes allés chez Mme Edwards pour le voir, elle l’avait déjà envoyé. Je l’ai bien regretté, mais j’espère de le voir accroché à une bonne place à l’Académie. J’ai vu cependant vos dernières fleurs et votre tableau du TanhäuserFantin-Latour, Tannhaüser : Venusberg, F.1254. que j’admire beaucoup, c’est tout à fait charmant, de tout cela nous allons causer quand je viendrai à Paris. Je pense aussi que ce sera mieux d’y aller au commencement de l’Exposition, bien sûr que je n’y serais pas allé pendant votre absence. Je compte donc y être pendant ou après la première semaine de mai. Je ne crois pas que je pourrais rester plus de 4 ou 5 jours, c’est bien court pour Paris, mais c’est toujours quelque chose. J’ai à faire encore un portrait ici avant d’aller à Francfort, ce ne sera pas long puisque ce sera seulement une tête.

Je dois rester quelque temps à Francfort, je crois que je dois y faire au moins six portraits et cela me prendra bien deux mois ; ce n’est pas agréable, mais ce ne serait pas prudent de les refuser, puisque l’argent s’en va toujours ici à grand pas.

La vie en Allemagne n’est pas moins chère qu’en Angleterre (on y a beaucoup de luxe, on y mange et boit comme les princes, et la vie anglaise me paraît simple à côté de cela, la grande différence qui augmente tant les frais pour la vie ici, c’est d’être obligé d’habiter une maison entière et quel travail inutile cela donne au ménage ! On est bien l’esclave de sa maison et le confort qu’elle vous donne est très douteux. Mais j’ai choisi cette vie et n’ai pas de raison à m’en plaindre. [)]

J’ai envoyé un portrait au pastel de Victor et un marchand de poissons, une assez grande toile à l’Exposition.Scholderer, Portrait of a Boy/ Victor Scholderer in ganzer Figur, B.273a ; A Fishmonger/ Ein Fischhändler, B.275 vraisemblablement identique au B.276. Je crois que le tableau est assez bien, mais le temps que j’y pouvais mettre était bien court et nous avons eu tant de mauvais temps où on ne voyait rien que j’ai dû le finir à la hâte, c’est toujours la même chose, c’est bête de finir une chose pour une Exposition. Dans les dernières années, on ne m’a plus donné de bonne place à l’Exposition, on y protège maintenant les jeunes artistes comme ailleurs aussi, cela doit-être du neuf chaque année, je ne sais pas ou on arrivera avec cela, tout le monde tâche de mettre à côté celui qui marche devant lui.

Nous espérons que le beau temps vienne pendant que vous êtes à la campagne et qu’il fasse du bien à vous et surtout à Madame. Nous avons été en assez bonne santé, ma femme se porte mieux dans le dernier temps, seulement Victor n’a pas été bien du tout et a souffert encore de son ancienne maladie, d’un mal de foie et des organes de la digestion, il est un peu mieux maintenant, mais ce temps affreux n’a pas de bonne influence sur lui.

Adieu, bien des choses à vous et Madame de nous deux et des baisers de Victor. Je vous écrirai pour vous prévenir du temps quand j’irai vous voir.

votre ami

Otto Scholderer