Perspectivia
Lettre1898_06
Date1898-07-22
Lieu de créationBuré par Le Mesle sur Sarthe, Orne
AuteurFantin-Latour, Henri
DestinataireScholderer, Otto
Personnes mentionnéesMaître, Léon
Scholderer, Viktor
Zola
Dubourg, Victoria
Dubourg, Charlotte
Dreyfus, Albert
Lieux mentionnésParis, Salon
Œuvres mentionnées

22 juillet 98

Buré par Le Mesle sur Sarthe, Orne.

Mon cher Scholderer,

Nous avons été heureux d’avoir de vos nouvelles et qu’elles soient bonnes. Voici l’adresse du frère de Maître, celui que je connais le plus :

Monsieur Léon Maître

4, rue Gounod

Paris

Vous le dites bien, c’est un temps passé, et il était pour moi un ami avec lequel nous repassions souvent les jours d’autrefois. Depuis un an il ne quittait plus sa chaise longue, et nous venions causer avec lui, et jusqu’au dernier jour la mémoire et les idées étaient restées intactes.

Il me parlait souvent de vous et avait en face de lui dans sa chambre la jolie étude que vous lui aviez donnée !Dans une lettre de 1881, Maître demande à Fantin, qui est encore à Londres, de lui rapporter l’étude que Scholderer lui a offerte. Voir Fonds Custodia, collection Frits Lugt, 1997-A.403.

Nous sommes en bonne santé et je ne me plains que de me sentir vieillir, car je suis bien entrain de travailler. Votre idée d’envoyer au Salon prochain votre portraitScholderer n’enverra rien au Salon de 1899. me paraît excellente et j’aurai grand plaisir à voir de votre peinture.

Nous faisons des vœux pour que Victor réussisse dans ses examens ; ne le verrons-nous pas à Paris un jour ? Ici on est divisé par l’affaire Zola,Le 13 janvier 1898, Zola publie dans L’Aurore « J’accuse » où il prend la défense de Dreyfus. Parmi le peu d’artistes qui le soutiennent on trouve Monet, Pissarro, Signac. Degas, Cézanne, Renoir, Puvis de Chavannes, Rodin prendront le parti adverse. naturellement je suis pour Zola ! Triste pays, quelle triste fin nous faisons ! Ma femme se joint à moi pour vous envoyer à vous tous nos amitiés, ma belle-sœur se rappelle à votre bon souvenir,

H. Fantin